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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/67

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LE CHADDANTA-JÂTAKA.

Informé un jour par les jeunes éléphants que les Sâlas étaient en fleur, Chaddanta se mit en marche avec ses deux épouses et secoua de son front un de ces arbres : des feuilles fraîches saupoudrées de pollen tombèrent sur Subhaddâ l’aînée ; mais Subhaddâ la jeune était si malheureusement placée qu’elle ne reçut que des feuilles mortes, des rameaux desséchés et des fourmis. Elle crut à une méchante intention de son époux et lui en garda rancune. Une autre fois, après le bain du roi et des deux reines, les éléphants, s’étant baignés à leur tour, rapportèrent un grand lotus appelé Sattudaya et l’offrirent à leur chef qui le prit avec sa trompe, se saupoudra le front de pollen et l’offrit à Subhaddâ l’aînée. Nouveau motif de rancune pour Subhaddâ la jeune.

Telle est la version pâlie. La sanscrite décrit les jeux du Ṣaḍdanta et de Subhadrâ dans la Mandâkinî. Ṣaḍdanta enlève les lotus d’or avec sa trompe et en couvre Subhadrâ ; il va même jusqu’à en placer un, en signe d’amour, sur chacun de ses globes frontaux ; ce qui cause le dépit de Bhadrâ. Selon la première version chinoise, Subhadrâ aurait ravi un magnifique lotus trouvé dans la forêt par l’éléphant et destiné à Bhadrâ qui s’indigna d’en être frustrée. La deuxième version parle d’un lotus cueilli dans l’eau et offert à la première épouse ; d’où l’exaspération de la deuxième. Ces diverses versions reproduisent donc avec de légères nuances le second trait de la version pâlie.

Subhaddâ la jeune, décidée à se venger, imagina