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JANVIER-FÉVRIER 1895.

un acte marqué d’un caractère plus ou moins profondément religieux, visant au crime et couronné de succès, comme on va le voir.

8. — Mort et renaissance de l’épouse jalouse.

Après avoir accompli ses actes méritoires, l’épouse jalouse meurt, selon son désir, mais de quelle façon ? « En se desséchant par abstention de nourriture[1] », dit le Commentaire pâli. La version sanscrite, moins explicite, dit qu’elle « abandonna son corps[2] » ; mais, comme c’est à la suite de la pratique d’un jeûne très complexe, il faut entendre qu’elle mourut d’inanition. Les deux versions sont sensiblement d’accord. Les versions chinoises diffèrent ici beaucoup : d’après la première, notre héroïne se serait précipitée du haut de la montagne, ce qui rappelle la mort dé l’éléphant du Hastî-Jâtaka sanscrit ; d’après la seconde elle se serait pendue ou étranglée (kie-ki) au moyen d’un nœud interceptant la respiration. Ces deux modes violents du suicide conviennent sans doute à une personne en proie à une passion ardente comme l’était cette épouse dominée par la jalousie, mais non à un être qui, comme elle, prépare son avenir par des actes religieux ; le suicide par inanition, considéré presque comme une manifestation de vertu, est le seul qui soit approprié à la situation.

Mais, à peine morte, elle renaît fille du roi de

  1. Gocaram agahetvâ sutthitvâ.
  2. Tatyâja vapu.