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LE CHADDANTA-JÂTAKA.

le sage imprudent répond : « Ce n’est pas dans l’habit du moine qu’est la transgression ; c’est dans le cœur qu’est le mal, la colère, la transgression. » Assurément ! il n’en reste pas moins que Subhadrâ avait témoigné une méfiance raisonnable et justifiée, et le Chaddanta une confiance insensée. Il avait d’ailleurs dit formellement que le bien, non le mal était dans l’habit ; parole imprudente, erreur funeste qu’il était bien nécessaire de rectifier. Sa réponse est au fond une rétractation. Il admet en réalité la critique formulée par Subhadrâ contre la proposition qu’il avait émise tout d’abord.

12. — L’habit jaune.

Remarquons le rôle de l’habit jaune dans cette histoire. D’après le Commentaire pâli et la deuxième version chinoise, il n’est d’aucune utilité pour le meurtre ; l’éléphant est frappé sans avoir vu celui qui le blesse et sans savoir quelle mine et quel accoutrement il peut avoir. Ce n’est qu’après avoir reçu le coup qu’il découvre l’habit de moine. La fosse est, dans cette version, le moyen d’arriver au but, la mort de l’éléphant. De là vient que, dans l’autre version, celle du Kalpa-dr.-av. et du Tsa-pao-tsang, la fosse disparaît ; car elle est inutile, puisque le chasseur peut, avec son déguisement, inspirer à la proie qu’il guette une confiance illimitée. Dans le premier système, l’habit jaune n’est pour le meurtrier qu’un moyen de se protéger contre la vengeance de sa vic-