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JANVIER-FÉVRIER 1895.

de ses inquiétudes à son mari ; celui-ci n’y faisait guère attention et ne s’émeut pas. Il demande comment cet inconnu est accoutré, et, apprenant qu’il est vêtu d’habits jaunes, déclare qu’il n’y a rien à craindre (bhayasthânam̃ na kasyacit). — C’est au moment où il exprime cette confiance absolue qu’il reçoit le coup mortel.

Les deux versions chinoises se partagent. D’après la deuxième, très brève, le chasseur exhibe les habits jaunes, prend le vase à aumônes et se place dans une fosse après avoir lancé sa flèche (si j’entends bien le texte). Ce qui me paraît singulier. Cette version suit donc le pâli, mais d’une façon assez maladroite. La première version est tout autre, beaucoup plus satisfaisante et plus conforme au Kalpa-dr.-av.

Le chasseur, cachant ses armes et exhibant l’habit jaune, est aperçu de Subhadrâ qui prévient son mari. Celui-ci, apprenant quelle est la tenue de cet étranger, répond que « dans l’habit de moine, il y a nécessairement du bien, non du mal[1] ». Et il ne tarde pas à être percé par la flèche du traître. Mais ici se place un incident spécial à cette version. Subhadrâ, qui, dans les autres, est accablée par ce malheur et consolée par son époux, a, dans celle-ci, la force de lui reprocher son imprudence, sous une forme respectueuse d’ailleurs et en écolière docile : « Tu disais que dans l’habit du moine il y a du bien et non du mal. Que dis-tu maintenant de celui-ci ? » — À quoi

  1. Kiā-chá-tchong, pi-tang-yeou-chen, wou-yeou-ngo-ye.