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JANVIER-FÉVRIER 1895.

humblement en le déposant comme une offrande sur sa trompe. Tout en reconnaissant qu’on peut porter l’habit jaune, sans avoir les vertus dont il est l’emblème, le Chaddanta renonce à la vengeance par respect pour l’habit. Car, cela est dit positivement, et Hiouen-thsang répète cette tradition, c’est à cette usurpation de l’habit jaune que le chasseur dut d’être épargné. L’éléphant blanc fit au faux Arhat la leçon que méritait cette ruse indigne et le questionna sur son injustifiable agression. Le chasseur ne cacha rien et, d’ailleurs, il n’avait rien à cacher : il déclara n’avoir fait qu’obéir à la reine de Bénarès qui tenait absolument à avoir les défenses du roi des éléphants.

Dans le Kalpa-dr.-av., le meurtrier est connu ; il n’y a pas à le découvrir. Le Ṣaḍdanta, dominant son émotion et sa douleur, relève Subhadrâ abattue par le chagrin ; il reconnaît s’être laissé tromper par la couleur de l’habit, déplore l’hypocrisie et la fourberie du méchant, mais ne veut voir dans ce qui lui est arrivé que l’influence de son Karma. Là est, en effet, l’explication de ce qui s’est passé. Si les projets et les plans de vengeance de l’épouse jalouse ont réussi, si le Chaddanta a été injustement victime d’une machination inspirée par la méchanceté, c’est qu’il y avait dans son passé lointain des actes coupables dont il devait recevoir et reçoit actuellement la punition. Il n’en est pas moins vrai que les mauvais desseins de l’épouse jalouse sont présentés et doivent être considérés comme ayant réussi grâce aux pratiques religieuses qui ont accompagné et,