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LE CHADDANTA-JÂTAKA.

pour ainsi dire, patronné l’élaboration du plan meurtrier. Du reste, on ne nous fait pas connaître les actes coupables pour lesquels le Ṣaḍdanta se reconnaît puni ; il cherche seulement à connaître la cause prochaine de l’aggression dont il vient d’être victime et questionne le chasseur à ce sujet. Le malheureux n’ose d’abord répondre ; enfin il avoue avoir agi par l’ordre du roi de Bénarès dont l’épouse tient absolument à avoir un siége d’ivoire fait avec les défenses du Ṣaḍdanta.

Dans les versions chinoises, le meurtrier est immédiatement connu, même dans la seconde qui nous le montre caché dans une fosse. Dans l’une comme dans l’autre, l’éléphant blanc questionne son meurtrier : dans la première, celui-ci répond qu’il en veut aux défenses de l’éléphant, non pour lui-même, mais pour le roi Brahmadatta qui l’a envoyé ; dans la deuxième, le chasseur avoue également que son intention est de s’emparer des défenses ; mais il ne cite le nom de personne et semble n’agir que pour lui-même. L’éléphant le traite avec respect, le qualifie de « Révérend » (Ho-nan), « docteur de la voie » (Taosse), a l’air de le considérer comme un véritable bhixu ou Çramaṇa (Cha-men) et ne dit pas un mot relativement à l’usurpation de l’habit religieux ; lacune singulière dans un récit qui pourrait avoir pour titre ou pour épigraphe cette phrase que j’ai déjà citée, mais qui revient toujours sous ma plume : « L’habit ne fait pas le moine ! »