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JANVIER-FÉVRIER 1895.

14. — Abandon des défenses et Mort du Chaddanta.

Bien fixé sur la cause de cette aggression et voyant clairement qu’il y a là une machination de son ancienne épouse Bhadrâ-Cûlnsubhaddâ[1], le Chaddanta, complètement résigné, ne songea plus qu’à faire le sacrifice de ses défenses. Pouvait-il mieux reconnaître le violent amour que sa compagne d’autrefois lui portait et lui manifestait par la flèche de Soṇuttara ? Et d’ailleurs ne fallait-il pas accepter de bonne grâce les combinaisons de l’inexorable Karma ? Par son ordre , le chasseur, armé d’une scie , monte sur son front, pendant qu’il se baisse pour lui faciliter la tâche, et tente de lui scier les défenses ; mais en vain. Il ne réussit qu’à lui ensanglanter la bouche : on reconnaît ici un trait du Jâtaka 72. Alors le Chaddanta lui prescrit de lui relever la trompe et d’y adapter la scie, de sorte que l’éléphant, faisant aller et venir l’instrument, scia lui-même ses défenses de sa propre main (c’est-à-dire de sa trompe). Il les donna au chasseur en lui disant de les porter à Bénarès et de les remettre en mains propres à Subhaddâ ; après quoi il mourut. Ainsi on ne lui avait pas pris de force ses défenses ; il en avait fait don. Il est vrai que son sacrifice était quelque peu forcé, puisqu’il était frappé à mort et que sa dépouille était à la merci de son ennemi : mais il avait

  1. Tam̃ sutvâ Cûlasubhaddâya kammam̃ ñatvâ (Jâtaka 514). — Tasya vaca : çrutvâ jñâtvâ bhadrâviceṣṭitam̃ (Kalpa-dr.-av.).