Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/16

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saient dans leur patrie, ils désertaient ou mouraient de langueur.

« Entends-tu, dis-je à mon ami, ces bonnes gens avec leur musique ? ils me rappellent ces vers de Vadé :

Soudain, il sort d’un violon,
Qui, par sa forme singulière,
Avait l’air d’une souricière,
Des sons, que les plus fermes rats
Auraient pris pour des cris de chats.

— Tais-toi, écoutons ce que disent les musiciens. “C’est pour Mlle. Jeanneton N…” Ah ! en vérité ces MM. sont charmans ; apprenez, amans ou musiciens de Nyon, que lorsqu’on veut donner une sérénade à sa maîtresse, on l’instruit seule de son projet ; le soir choisi, l’amant arrive avec ses virtuoses, et sa belle feint d’ignorer que cette musique est pour elle.

Mais ce n’est qu’en Suisse que les amoureux, après avoir éveillé les gens par le plus affreux sabbat, terminent