Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/25

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Je pars donc le premier : la caravane me suit de la manière que je l’ai dit plus haut : je l’eus bientôt perdu de vue dans un chemin tortueux ; je n’entendis plus que les cris et les coups de fouets de vingt hommes qui excitaient les chevaux, et soutenaient la voiture dans les passages difficiles. Mon ami, M. et Mad. B.... étaient restés dans le carrosse. Peu après je n’entendis plus rien.

Je marchais seul dans un vallon rempli de neige, borné de chaque côté par une haute montagne couverte de sapins majestueux ; j’étais ébloui par la verbération du soleil sur cette immense nappe blanche. Mon âme, portée à la réflexion par le silence et le calme le plus profond, se rappela les sensations qu’elle éprouvait le jour précédent : à la même heure, au même instant, j’étais au milieu de mes parens, de mes amis, de ceux qui ne