Aller au contenu

Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

craignais peu mes ennemis ! Comme j’aimais mes amis ! Ô ! moment fortuné ! tu ne fus point pour moi une illusion ! Je cueillis la fleur sentimentale, appelée souvenez-vous de moi, en pensant à tout ce que j’aimais. Je pris dans le ruisseau des petits cailloux d’une même couleur, dont je formai le chiffre le plus amoureux, J. C. La fraîcheur du lieu, le plus profond silence, qui n’était interrompu que par le cri des cigales et le chant de quelques pinsons, la douce émotion dans laquelle j’étais, me firent croire que quelque sylphe, ou quelqu’autre esprit aërien, concourait à me faire éprouver les plus délicieuses sensations. J’appelai à plusieurs reprises C....., les échos répétèrent mille fois ce nom cher à mon cœur : mes sens fatigués par la douce agitation de mon ame cherchèrent à goûter quelque repos sur le gazon qui me portait :