Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/30

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je m’abandonnais au sommeil, lorsqu’un pâtre arriva subitement dans le bosquet où j’étais, et sans m’appercevoir, se mit à appeler ses troupeaux dispersés ; les cris de ce berger me tirèrent brusquement de ma rêverie, je cessai de jouir de mon illusion, je me crus égaré ; cet homme m’indiqua la route que je devais suivre.

Je vous reverrai, bocages heureux de St. Cergue ! je veux m’égarer dans vos charmans labyrinthes ! Je terminerai ma promenade en déposant au pied d’un arbre un panier rempli de vin, de pain, et de mêts simples ; j’y joindrai quelques pièces de moinane pour le pauvre bucheron que le hasard conduira dans ce lieu : il portera ce petit trésor à sa bonne mère, à sa femme, à ses enfans ; la famille entière partagera cette collation, elle boira à ma santé, et leurs bénédictions me suivront encore lorsque j’aurai quitté leur canton.