Aller au contenu

Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conduisait les chevaux au milieu de la neige, au lieu d’enfiler un pont qui n’avait pas de gardes-foux, passe à côté et culbute la voiture dans la rivière. La caisse du carosse se sépare de l’avant-train, et se renverse sur le côté de manière qu’une des portières est sur l’eau et l’autre au fond : représentez-vous la triste situation de six individus, dont les six têtes sont en-dehors d’une petite portière, le reste du corps dans une eau couverte de glaçons et entraînés dans un affreux courant : ils restèrent une heure et demie dans cette position. Notre Allemand nous a assuré que, durant ce temps, l’idée lui vint plusieurs fois de prendre son couteau et de tuer ses cinq compagnons pour pouvoir les enfoncer dans l’eau, et sortir par la portière ; il ne voyait que ce moyen de sauver sa vie. Enfin le ciel leur envoya des bateliers, qui ouvrirent la voiture et les firent sortir. Le plai-