Page:Journal d’un bourgeois de Paris 1405-1449.djvu/17

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Dans ses ingénieuses conjectures sur l’auteur du Journal parisien, M. Longnon a montré tout l’attrait que ce précieux document avait pour les érudits dès la seconde moitié du xvie siècle ; on voit à ce moment ce vieux livre, lu et relu, passer de main en main[1]. La couche épaisse de crasse qui recouvre les bords du manuscrit de Rome témoigne en effet d’un fréquent usage. De nombreuses annotations remplissent les marges de ce volume ; elles sont dues à deux mains différentes. L’une des écritures, assez grosse et assez nettement tracée, offre beaucoup d’analogie avec les premières pages d’un manuscrit du fonds français (n° 24,726) intitulé : Veilles et observations sur la lecture de plusieurs autheurs françois par Claude Fauchet. Aussi nous n’hésitons pas à lui attribuer la paternité de ces notes, et surtout de la remarque suivante, si souvent reproduite, qui se trouve au folio 181 v° dans la marge de droite : « Il semble que l’autheur ait esté homme d’église ou docteur en quelque faculté, pour le moins de robe longue. »

Elle est certainement du président Fauchet et permet d’établir avec certitude la provenance du Journal, qui des mains de Fauchet passa en celles de Petau pour entrer ensuite dans la bibliothèque de la reine Christine.

Une autre écriture, avons-nous dit, se remarque encore sur les marges, celle-ci est beaucoup plus ténue et présente tous les déliés des écritures courantes du xvie siècle. Elle doit être en effet de la seconde moitié de ce siècle, et postérieure en tous cas à l’année 1567, car l’une des observations du commentateur, consignée en marge du manuscrit, à propos d’un vent violent qui s’éleva à Paris le 7 octobre 1434, porte ce qui suit :

Vent pareil à celuy qui fut l’an 1567, le lundi, mardi et mercredi, 14, 15 et 16 de juillet et le dimenche 7 septembre.

Quelle est au point de vue historique la valeur du manuscrit qui renferme la version la plus ancienne du Journal parisien. Le texte contenu dans ce manuscrit est-il, comme le présume M. Paul Lacroix, beaucoup plus ample que celui de l’édition donnée par La Barre ? Il est hors de doute que plus d’une rectification pourra, grâce à cet exemplaire, être apportée au texte du Journal parisien, et que des omissions assez importantes seront réparées ; mais il serait illusoire de chercher à combler des lacunes qui se remarquent dans toutes les éditions. Ces lacunes regrettables existent également dans le manuscrit de Rome ; elles ne sont point le résultat de lacérations opérées sur ce volume, mais proviennent, nous l’avons dit, d’une cause toute différente.

  1. Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris, t. II, p. 311 à 313.