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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

exerce son énergie particulière. Le ciel seul sait comment se terminera le conflit ; j’ai peur qu’il ne se termine mal, c’est-à-dire par l’esclavage. La cour du Louvre est occupée par la cavalerie. Je vais aux Champs-Élysées où je rencontre le général Dalrymple. Il me donne quelques détails circonstanciés sur ce qui se passe dans la Flandre autrichienne. On a de bonnes raisons de croire que le Statholder, soutenu par la Prusse, s’emparera de ce précieux territoire. Pendant qu’on y est, on fera aussi bien de prendre quelques-uns des postes fortifiés que la France y occupe, avec quelques-unes des petites principautés situées à l’ouest, et les Pays-Bas formeront alors un État très puissant. La discorde semble s’étendre de plus en plus dans ce royaume, menacé dans un certain temps de la désunion de ses provinces.

Il n’y a rien de nouveau au club ce soir, mais l’évêque d’Autun apporte les dernières nouvelles à Mme de Flahaut. Il nous dit que l’Assemblée a voté ce qu’elle appelle la loi martiale, qui n’est à proprement parler qu’une loi sur les attroupements. Le garde des sceaux s’est défendu assez bien aujourd’hui devant l’Assemblée. L’évêque ne semble pas avoir un grand désir d’un poste dans le ministère en ce moment. Je crois que cela vient en partie du désappointement et en partie de l’appréhension. Je plaide de nouveau pour la nécessité d’amener les candidats aux diverses places à faire des arrangements entre eux, et d’obtenir une entente qui puisse durer quand ils en seront pourvus, tout en les aidant à les obtenir. L’évêque se retire après le dîner, et Capellis vient avec Mme d’Angivillers. Au cours de la conversation, certains incidents sont racontés pour montrer que M. de Narbonne, l’ami de Mme de Staël, est « un fort mauvais sujet », ce qui s’accorde avec certains mauvais traits contrastant avec son apparence générale, qui est bonne. De là, chez Mme de Chastellux. Le vicomte de Ségur me donne un livre écrit par lui, et demande que je lui en dise franchement mon opinion. C’est une corres-