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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

pondance supposée entre Ninon de Lenclos et son amant, le marquis de Villarceaux. La duchesse apprend par un mot du duc de Biron que le duc d’Orléans s’est embarqué hier à neuf heures du matin, avec un vent favorable pour l’Angleterre. On dit que, par jugement régulier, trois personnes doivent être pendues demain pour avoir mis le boulanger à mort. C’est un tort de retarder l’exécution.


22 octobre. — Au club aujourd’hui, j’ai une discussion avec un membre des États généraux ou de l’Assemblée nationale, qui me prouve son imbécillité. Au moment de quitter la salle, les personnes présentes commettent presque l’indécence, si fréquente à l’Assemblée, d’applaudir l’orateur qu’elles approuvent. L’une d’elles me suit pour me dire qu’il est inutile de montrer de la lumière aux aveugles. N’importe. Je vais chez Mme de Flahaut. Elle est avec le duc de Biron, qui la quitte bientôt. Elle me raconte une anecdote peu à l’honneur de La Fayette ; il avait dit dans son petit cercle chez Mme de Simiane, en parlant du duc d’Orléans : « Ses lettres de créance sont des lettres de grâce. » Le duc de Biron qui connaît toutes ses démarches faites auprès du duc d’Orléans, son ami, a écrit à La Fayette une lettre à ce sujet, et en a reçu une réponse dans laquelle il lui dit : « Je n’ai pas pu me servir d’une telle expression, puisqu’il n’y a aucun indice contre le duc d’Orléans. » Elle dit avoir vu la lettre. Sans aucun doute, le duc de Biron lui donnera une assez grande publicité. Je me retire à l’arrivée du marquis de Montesquiou, et vais chez Mme de Chastellux. La duchesse arrive tard, car elle a été chez la reine. Mme de Chastellux m’explique la situation intérieure de cette famille. Nous discutons la ligne de conduite que devrait suivre la duchesse, et, comme elle est entre les mains du vicomte de Ségur et de Mme de Chastellux, je pense qu’elle agira avec plus de raison et de fermeté qu’elle n’en a naturellement. De là, selon ma pro-