Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

une bouteille de vin. Je remplis presque entièrement ma tâche, tandis qu’il refuse complètement. Le vin est bon, mais c’est le plus fort que j’aie jamais goûté. Après avoir mangé un énorme dîner pour faire passer la liqueur, je fais du thé et je bavarde avec les dames.


30 octobre. — À dîner, j’apprends les nouvelles de Flandre. Les Pays-Bas autrichiens paraissent bien en train de secouer le joug, et l’on dit qu’ils ont un grand nombre de déserteurs, tant officiers que soldats, de l’armée prussienne. Il faut en conclure que la Prusse est intéressée dans l’affaire ; dans ce cas, l’Angleterre devra probablement aussi s’en occuper. En vérité, l’occasion est des plus tentantes. Il me semble qu’il n’y a aucune bonne raison pour que tous les Pays-Bas ne se réunissent pas sous un seul souverain, et ne s’emparent pas de toutes les places fortes sur la frontière française, Calais, Lille, Tournai, Douai, Mons, Namur et même Cambrai ; cette dernière place est littéralement sans garnison, la milice bourgeoise ayant insisté pour en tenir lieu, mais elle en a déjà assez. Namur, dans les États de l’empereur, est complètement démantelée. Je vais après dîner chez Mme de Chastellux et fais le thé de la duchesse. Elle insiste pour que j’aille bientôt dîner chez elle, avec Mme de Ségur. Je promets pour lundi, et Mme de Ségur approuve. De là, chez Mme de Staël ; conversation trop brillante pour moi. Je soupe et reste tard ; je ne plairai pas ici, parce qu’on ne me plaît pas assez.


31 octobre. — Samedi après-midi je vais au Louvre, et fais corriger par Mme de Flahaut ma lettre à M. Necker. Capellis me parle du ravitaillement en farine par Brest, Rochefort et Toulon, et dit qu’il croit qu’on a déjà fait les commandes en Amérique. Je réponds que M. de La Luzerne aurait bien fait de me consulter à ce sujet ; les différents