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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

amputée, et dans l’autre jambe, une sensation d’angoisse, que je suppose provenir d’un dérangement du système nerveux ; il me faut donc m’exposer davantage au grand air et prendre de l’exercice. Le vent a soufflé très fort toute la nuit, et continue encore ce matin. Je crois que c’est le vent du sud-ouest, et je crains que beaucoup ne soient tombés victimes de sa rage. Le général Dalrymple, que je vais voir après dîner, me dit que la tempête que nous subissons depuis quelques jours, a causé de terribles ravages sur les côtes anglaises, et que ses lettres annoncent la perte de huit cents hommes. Il regarde le plan de M. Necker comme une absurdité pure, et me dit que les banquiers auxquels il en a parlé sont d’avis qu’il ne vaut rien. J’ai lu le mémoire, et je pense que le plan ne peut pas aboutir.


16 novembre. — Lundi, à neuf heures et demie, je vais chez Mme de Flahaut pour l’emmener souper avec Mme Capellis. Elle est au lit et fortement indisposée. Je ne reste que quelques minutes et je vais souper. Le nonce de Sa Sainteté n’est pas là. C’est le jour du départ de son courrier. Capellis dit qu’il veut nous faire rencontrer, parce que le Pape s’est querellé avec les fermiers généraux au sujet de la fourniture du tabac qu’il leur prenait précédemment ; il le prend maintenant en Allemagne ; on pourrait peut-être s’entendre pour fournir Sa Sainteté en Amérique. Je doute beaucoup du succès, car le Pape ne peut traiter que d’année en année, et la distance est telle qu’il faudrait attendre la moitié d’une année avant qu’une seule feuille de tabac pût arriver. Les invités présents sont absolument dégoûtés des faits et gestes de l’Assemblée nationale.


17 novembre. — J’apprends aujourd’hui les dernières nouvelles d’Amérique, apportées par le paquebot anglais de septembre. M. Jefferson a été nommé ministre des