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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

pond que sa recommandation ne peut avoir que peu de poids, comme je dois le savoir, mais que, s’il est nécessaire, il poussera à son acceptation ici. Il me conseille vivement de faire ma proposition immédiatement. Je lui dis mon intention de la soumettre à La Fayette, et pour cela de dîner avec lui. Il m’approuve. Il me descend chez La Fayette qui revient de l’Hôtel de Ville plus tôt que d’habitude et qui n’a que peu de monde. Je lui soumets mon plan qui lui plaît également. J’ajoute quelques mots sur le plan de l’évêque d’Autun. Il m’informe que l’évêque doit venir chez lui vendredi soir, et pense qu’il faut garder Necker à cause de son nom.


3 décembre. — Je m’entretiens longuement aujourd’hui avec diverses personnes au sujet de spéculations qu’elles se proposent de faire sur la dette. Je dîne au Palais-Royal, chez un restaurateur. Le docteur Senf me dit que les affaires du Brabant vont bien, que les autres provinces impériales se joindront bientôt à lui, qu’une déclaration d’indépendance en sera la conséquence immédiate, et qu’un traité avec l’Angleterre et la Prusse suivra bientôt. Je le crois parce que c’est probable. Je conduis Mme de Flahaut à la Comédie-Française et retourne au Louvre. L’évêque vient, comme il était convenu. Il me demande si, à mon avis, il doit, ou non, parler demain à l’Assemblée, et m’expose en substance ce qu’il se propose de dire. Je fais certaines observations sur les principaux points de son discours. Je lui conseille de parler, mais de se restreindre autant que possible aux objections, tout en exposant à l’Assemblée ses raisons pour ne pas proposer de plan. Je l’invite à se montrer conciliant pour la Caisse d’escompte ; à blâmer les administrateurs pour avoir prêté au gouvernement une somme supérieure à leur capital, mais à les excuser en même temps, comme citoyens, pour leur patriotisme ; à regarder ce qui leur est dû en plus du premier prêt de