Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

vais chez Mme de Chastellux. M. de Barbançon vint, et je lui fais part d’une idée qui m’est venue à l’esprit, de créer une colonie sur les bords du fleuve Saint-Laurent. Cela paraît lui plaire, et il on parlera aux personnes de sa connaissance, qui désirent aller en Amérique.


31 décembre. — Je vais souper chez Mme de Laborde. Mme d’Houdetot me dit qu’elle a dîné chez M. Necker. J’apprends que sa famille est très peinée du refus fait par l’Assemblée d’un don venant de Genève, refus considéré comme une insulte à M. Necker. Elle me dit que l’abbé Rayneval a adressé une lettre excellente à l’Assemblée. J’en déduis que c’est une critique de la conduite des députés, mais je ne pense pas que cela les améliore beaucoup.

Je reçois ce matin la visite de deux personnes décidées à se rendre en Amérique. Je dois écrire pour elles une lettre à New-York. Quelqu’un vient me demander des renseignements sur l’Amérique ; je les donne, avec des avis. J’écris puis je vais dîner avec M. Millet. Après le dîner, entre un des pages du roi qui doit commencer demain son tour de service. Il nous parle de la merveilleuse sagacité, de l’intelligence et de l’instruction du roi, de ses vertus, etc. Je pense qu’il doit être absolument sûr de la crédulité de ses auditeurs. M. de Moustier qui m’avait parlé très favorablement de lui, disant en particulier que c’était un honnête homme, à l’air un peu honteux. La société au Louvre est nombreuse. À minuit, les messieurs embrassent les dames ; je n’essaie pas l’opération, parce qu’il y a des résistances, et que je n’apprécie que les lèvres qui se donnent, quand ce sont des lèvres aimées.