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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

ment refusé d’entrer en rapports avec moi, soit comme prêteurs, soit comme intermédiaires, mais elles ont même fait un emprunt de 3 millions de francs pour le compte du Congrès, et ont écrit à M. Hamilton et à M. Necker pour les pousser à ne pas s’entendre avec moi. Je vais chez M. Short voir la lettre à Hamilton ; non seulement elle est dépourvue de raison, mais, comme tout le reste, elle viole les promesses que l’on m’a faites. J’exprime à Van Staphorst mon opinion de cette conduite, et il la trouve juste. J’ai de désagréables pressentiments au sujet des négociations engagées en Hollande. Van Staphorst me dit qu’il pense que je ferais mieux d’aller à Amsterdam, et que, bien que ces maisons ne méritent pas d’être intéressées dans mon plan, cependant elles peuvent être si utiles que je trouverai encore avantageux de les employer. Je lui dis que je pense y aller. Short vient me voir et je lui lis ma lettre au colonel Hamilton. Il écrira d’après mes sentiments, et est très fâché d’apprendre que le plan n’a pas réussi. Mme de Ségur est chez Mme de Chastellux quand j’y arrive. Elle me dit, et son mari le confirme, que la reine a décidé le roi à se rendre à l’Assemblée. Elle ajoute avoir appris d’une source aristocratique que la veille Sa Majesté s’est emportée contre Necker, lui demandant si cette démarche lui procurerait la paix, ce que le pauvre ministre n’a pu promettre ; qu’Elle a été également de mauvaise humeur toute la matinée, et qu’en revenant de l’Assemblée le roi a passé quelque temps à pleurer. Je soupçonne que ce tableau est chargé, mais je crois que le fond est vrai ; c’est aussi l’avis de ma belle informatrice. Le maréchal avoue s’être beaucoup trompé sur les capacités de Necker.

Le comte de Montmorin me dit que le discours du roi à l’Assemblée a été couvert d’applaudissements. L’Assemblée jura d’observer la Constitution à laquelle on travaille. Ce serment est étrange. Si cette démarche de Sa Majesté pro-