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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

Chambres pareilles seraient déplacées là où existe un exécutif héréditaire ; chaque pays doit avoir une constitution en rapport avec les circonstances, et l’état de la France exige un gouvernement plus autoritaire que celui de l’Angleterre. Là-dessus, il sursaute d’étonnement. Je le prie de remarquer que l’Angleterre est entourée d’un fossé profond, et, ne pouvant être attaquée que par mer, elle peut permettre chez elle une foule de choses qui seraient dangereuses dans une situation différente ; sa sécurité dépend de sa marine, au maintien de laquelle sont sacrifiés tous les droits et privilèges de ses citoyens ; dans tous les gouvernements possibles le premier souci doit être le salut public. Il me dit les noms des ministres probables, tous choisis dans le peuple.


27 novembre. — Dîné avec Mme de Flahaut. Elle me dit que son évêque est au mieux avec la reine. Cela s’entend. Elle ajoute que de Moustier dit du mal de moi chez Mme d’Angivillers. Il a tort. Lord Wycombe vient après dîner, on le place à côté, comme d’usage.


28 novembre. — À deux heures, je rends visite à Duportail, le nouveau ministre de la guerre, puis je vais au Louvre. Lord Wycombe s’y trouve ; il a été là toute la matinée, c’est-à-dire de dix heures à deux. Il s’en va, tandis que Mme de Flahaut insiste pour qu’il revienne ce soir. Elle répète qu’il lui avait dit qu’elle m’aimait ; elle en avait d’abord ri, puis l’avait réfuté sérieusement. Elle me demande avec insistance de rester à dîner. M. de Flahaut semble mécontent. Après le dîner, elle m’envoie avec Mlle Duplessis rendre visite à Mme de Guibert, qui me donne une élégie sur son défunt mari, composée par un de ses amis. Quand nous revenons, Monseigneur s’est installé à côté d’elle. Le marquis de Montesquiou s’égaye de les avoir trouvés ainsi. Je quitte cette société pour rendre