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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

en parlerai. Je rais chez Mme du Bourg. On joue un jeu d’enfer, auquel naturellement je ne participe pas, et je me retire de bonne heure.


22 janvier. — Mme de Flahaut me dit aujourd’hui qu’elle a eu une lueur d’espérance pour son avenir ; j’essayerai de la faire aboutir. Je vais voir Mme de Ségur, et lui fais présent de quelques pommes, etc. M. de Ségur est avec sa femme, et, la conversation s’engageant dans ce sens, le plaisir que l’on ressent à parler de soi-même l’incite à nous raconter l’histoire de la guerre entre la Russie et la Porte. D’après lui, l’Angleterre a brouillé ces puissances. Après avoir repris cette histoire de fort loin et être arrive à la paix qui avait mis fin à la guerre précédente, il déclare que l’impératrice s’est déclarée suzeraine de la Géorgie ; que les Tartares Afghis, demeurant vers la mer Caspienne et en guerre constante avec les Géorgiens, reçurent l’aide du Pacha, leur voisin ; que les Tartares du Cuban firent de fréquents ravages sur le territoire russe, puis passèrent cette rivière à gué pour entrer sur le territoire turc ; que des plaintes ayant été faites à ce sujet, la médiation de la France fut demandée et acceptée ; que lui et M. de Choiseul-Gouffier s’employèrent efficacement à apaiser ce différend. Il fut décidé que le Pacha refuserait désormais son aide aux Tartares Afghis, et que ceux du Cuban ne seraient pas, comme jusqu’à présent, protégés après leurs irruptions ; que le prince Potemkin, ayant assemblé dans cette région une armée considérable pour être passée en revue par l’impératrice, et étant informé que les sujets de plainte continuaient malgré le traité, envoya immédiatement par l’ambassadeur russe, Bulgakow, un message menaçant aux Turcs ; celui-ci fut communiqué par le Reis Effendi à M. de Gouffier, qui très surpris, conseilla aux Turcs de prendre aussitôt les armes, et informa de Ségur de ce qui se passait ; celui-ci en parla en termes