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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

que cette démarche est hardie, et, en cas de réussite, décisive. Après avoir parlé politique, nous parlons un peu de nos affaires. Il n’a pu s’en occuper, dans les circonstances présentes. Je vais voir Mme de Montmorin et je reste quelque temps avec elle ; elle est toute désolée et redoute le pillage et les insultes, le baron de Menou ayant dénoncé son mari hier soir. Je ris de cette dénonciation ridicule, et j’essaie de calmer ses appréhensions. Je vais de là au Gros-Caillou, chez Mme de Nadaillac, qui parle longuement politique, avec moins d’ardeur que d’absurdité. J’en suis fatigué. Je dîne avec M. Short. Ternant, qui est présent, me dit qu’il a conseillé à La Fayette de démissionner, que celui-ci y a consenti, mais qu’ensuite il a trouvé diverses raisons pour n’en rien faire. Je le reconnais bien là. M. du Châtelet nous a amené lord Dare, fils de lord Selkirk, qui rencontre ici par hasard Paul Jones. Il reconnaît l’attention polie de Jones dans l’attaque de la maison de son père durant la dernière guerre. Je vais ensuite au Louvre, mais Mlle Duplessis y est. Mme de Flahaut me dit que les favoris du roi ont donné leur démission, que ceux de la reine la donneront, et qu’elle espère une place près de Sa Majesté. Je le lui souhaite. Elle m’informe qu’elle a conseillé par écrit à d’Angivillers de voyager, ayant obtenu l’assurance que, dans ce cas, il ne serait pas question de lui. De Curt vient, et bientôt après je retourne chez moi, où je lis jusqu’à l’arrivée de MM. Brémond et Jaubert. Les Jacobins cherchent à former alliance avec le club de 89, en vue d’empêcher le vote d’un décret déclarant les députés actuels inéligibles pour l’Assemblée prochaine. Après leur départ, je vais me coucher, car je tombe de sommeil.


21 avril. M. Brémond vient me raconter ce qui s’était passé aux Jacobins. Je m’habille, je fais une promenade à cheval avec M. Short, puis je rends visite à Mme de