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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

ici, est très entourée par les jeunes gens à la mode. Au départ, le comte de Montmorin me dit qu’il ne peut me donner de réponse demain, n’ayant pu parler au roi aujourd’hui. Le temps a été beau.


18 avril. — Ce matin, Swan et Brémond viennent. Je m’entretiens avec eux de la fourniture des rations à la marine française. Il y a presque une émeute aujourd’hui aux Tuileries. Le roi veut aller à Saint-Cloud, mais il est arrêté, non seulement par la populace, mais aussi par la milice nationale qui refuse d’obéir à son général. Il semble que Sa Majesté a encouru le reproche de duplicité en sanctionnant le décret sur le Clergé, et en s’adressant ensuite à un réfractaire pour accomplir les cérémonies prescrites en cette saison. Pendant longtemps je m’attends à une bataille, mais à la fin l’on me dit que le roi se soumet. Je vais au Louvre où je trouve M. de Curt tout installé. Je me retire aussitôt pour aller chez Mme de Nadaillac. Elle me demande de prolonger ma visite, et, comme il se fait tard, j’envoie chercher une matelotte à la guinguette et je dîne dans sa chambre. Elle fait beaucoup de façons, mais nous avançons. Nous verrons comment cela marchera tout à l’heure… M. Vicq d’Azir me montre la lettre écrite au roi par le département. Elle est dictatoriale à l’extrême. Mme de Flahaut m’en avait déjà informé, mais je suis obligé d’en blâmer le style.


20 avril. — Ce matin, visite de M. Brémond et de M. Jaubert. Je les mets en train pour amener les Jacobins à secourir le roi contre l’attaque du département. Je m’habille et je vais rendre visite au comte de Montmorin, à qui je montre le brouillon d’une lettre que j’avais composée comme réponse du roi au département. Il me dit que c’est la peur qui a poussé celui-ci à faire sa démarche. Je sais que ceci est partiellement vrai, mais il est vrai également