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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

marquis de La Fayette a accepté la situation de chef de la Garde nationale.


26 avril. — J’apprends que Mme de Flahaut n’a pas décliné les propositions faites pour son mari. Son évêque lui donne un conseil différent, parce que le roi peut faire des choix qui ne rendront pas M. de Flahaut inacceptable pour les autres, et qu’un refus, même fondé sur des raisons d’importance, peut offenser un esprit faible. J’ajoute encore un motif qui me vient à l’esprit. C’est que si la cour s’occupe d’eux, elle ne pourra plus les délaisser et ce sera pour Mme de Flahaut une sorte de sécurité dans tous les cas. — Je vais passer quelque temps avec Mme de Ségur. Elle me montre la lettre du duc d’Orléans à Mme de Chastellux et la réponse de cette dernière. Je trouve lady Sutherland chez Mme de Staël. Elle m’annonce la démission du duc de Leeds. J’exprime l’espoir de la voir à la tête des Affaires étrangères si je reste encore un peu en Europe. Elle répond que cela lui plairait beaucoup, mais que lord Gower est encore trop jeune. Je réplique que dans deux ou trois ans il aura acquis du tact, et qu’alors… — Il arrive lui-même juste avant mon départ, et parle également de la démission du duc. Je demande si Hawkesbury doit le remplacer ; il n’en sait rien. Il semble avoir tellement à cœur de prouver que la démission du duc est due à sa santé, que je ne puis m’empêcher de l’attribuer mentalement à des divergences de vues. Visite à Mme de Nadaillac qui m’avait écrit un mot pour se plaindre de ma négligence. Nous rions en jasant et en jouant, et elle se plaint de mon manque de respect ; mais je crois que moins je serai respectueux, plus je lui serai agréable ; au cours d’une petite conversation amoureuse, elle me dit que je ne dois pas m’attendre à la voir capituler, car elle a un trop vif sentiment de ses devoirs religieux et moraux ; si pourtant elle succombait, elle s’empoisonnerait le lendemain matin. Je ris de tout cela.