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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

tés. Brémond me dit qu’il a pris ses mesures pour être employé à classer les décrets de l’Assemblée et à choisir dans la masse ceux qui doivent former la Constitution. Je l’approuve.

Visite à Mme de Nadaillac, qui ne me reçoit pas tout de suite. Je m’aperçois ensuite qu’elle était dans une tenue trop malpropre, et qu’elle est obligée de se coucher pour la cacher. Nous bavardons de la manière que je crois la mieux appropriée à une petite coquette ; je la laisse dans le doute sur la question de savoir si elle est ou non en possession de mon cœur. Si elle n’y veille pas, elle se trouvera prise en essayant de me prendre. Mme de Flahaut me dit que son beau-frère, d’Angivillers, a démissionné et est parti en Italie pour éviter les accusations portées contre lui. C’est un cruel coup pour elle qui lui doit tous ses moyens d’existence. Je la ramène et je m’attarde avec elle ; puis, sur ses instances, je vais m’enquérir si une place auprès de la reine serait agréable à Mme Le Couteulx. Mon ami, Laurent Le Couteulx, répond par la négative.


3 mai. — Je rends visite au baron de Besenval et reste quelque temps avec lui. Je vais ensuite à la laiterie de l’Enfant-Jésus, où l’on peut se procurer de la crème, du beurre et des œufs en abondance. Je prends un peu de chaque chose et je vais au Louvre, où se trouve un confident de M. Du Port, ministre de la justice, avec qui Mme de Flahaut a une longue conversation particulière. Pendant ce temps, M. de Flahaut me confie ses peines, ses espérances et ses craintes. M. de Limou me dit tenir de source certaine que le secrétaire du prince de Condé s’est laissé corrompre moyennant une grosse somme, et qu’il est venu avec les papiers de son maître. Il ajoute que les nouvelles venues d’Angleterre représentent une guerre entre ce pays et la France comme inévitable. Sa première information peut être vraie, mais je crois que cette dernière est fausse. Je le lui dis, et j’ajoute