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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

qu’en cas de guerre entre la France et l’Angleterre dépourvue d’alliés, je parierais ma fortune sur le succès de la France, pourvu que son gouvernement fût acceptable. Je m’habille pour aller dîner chez Duportail, chez qui, après le dîner, je rencontre Gouvion ; je m’entretiens avec lui du commandant futur de la garde nationale. Je crois que ce sera lui. Je vais ensuite chez le comte de Montmorin. Il n’a pas encore parlé au roi de l’affaire des rations. Il promet de le faire demain et craint que la chose ne soit ébruitée. Je lui parle de diverses affaires politiques, et en particulier de la nécessité de changer l’entourage de Leurs Majestés ; je lui demande qui remplacera La Fayette, tout en observant qu’il devrait rechercher un homme possédant les qualités voulues. Il cite Gouvion. Je le quitte et je fais une promenade avec Mme de Beaumont. J’apprends que son père lui a dit quelque chose de l’objet, sinon de la substance, de mes conversations avec lui. À la demande de Mme de Flahaut, je parle à Mme Le Couteulx pour savoir si elle accepterait une place près de la reine. Elle le voudrait bien, mais craint que cela ne déplaise à son mari et à sa famille. Elle m’écrira demain après les avoir consultés. Elle désire que sa sœur ait la place, au cas où elle-même ne l’accepterait pas.


9 mai. — Promenade avec Mme de Beaumont ; elle avoue qu’elle ne tiendrait pas à être l’une des dames de la reine, mais elle fera tout ce que son père désirera. Je m’entretiens avec lui après le dîner. Le roi donne son consentement à l’affaire des rations, à la condition d’être certain du secret absolu. Dans quelques jours il réformera sa maison. Montmorin quitte les Affaires étrangères. Il sera remplacé par Choiseul-Gouffier, actuellement à Constantinople. Il dit qu’il restera au conseil, mais sans avoir de département. Il considère, et avec raison, comme un être éphémère quiconque arrivera maintenant au pouvoir. Chez Mme de