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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

ques réflexions sur l’état des finances, qui, dit-il, effrayeront M. de Montmorin et lui feront adopter mes mesures. Je lui démontre que ces réflexions l’effrayeront bien, si elles sont justes, mais que le résultat serait tout à fait contraire à mes désirs. L’ambassadeur d’Angleterre et le ministre de Prusse m’informent qu’une convention a été signée entre l’impératrice de Russie et le Grand Turc le 26 du mois dernier, sur les bases que la première a toujours réclamées. Bernasse corrige ce que j’avais écrit ce matin. Il dit qu’il écrira au roi demain sur l’état des affaires, et lui exposera qu’ayant obtenu communication de mon plan pour en corriger le style, il le transmet à Sa Majesté, mais sous le sceau du secret absolu. Je me rends avec M. Brémond chez M. de Montmorin et j’y rencontre M. de La Marck. Nous examinons les tableaux dressés par Brémond, puis j’expose à M. de Montmorin mes idées sur cette affaire, lui reprochant en même temps de ne m’avoir pas fait connaître plus tôt les opinions de M. de Beaumetz. M. Brémond me demande de spéculer sur la rente ; je refuse, prétextant que ce jeu, ruineux pour quelques-uns et dangereux pour tous, devient déloyal quand la connaissance des faits permet à un individu de parier avec la certitude du gain. Je m’habille et vais au Louvre. Mme de Flahaut me dit être convaincue que le roi commettra bientôt une nouvelle folie, et elle m’en donne les raisons. — Visite à Mme de Staël qui me fait bon accueil. Elle perd les illusions qu’elle avait sur la Constitution. Je vais ensuite chez Mme de Guibert, où je passe la soirée. On s’amuse à colin-maillard.


25 août. — Le comte de Ségur me dit qu’une des raisons de son départ pour la campagne est qu’il s’attendait à être consulté par le roi ; il me dit quels conseils il aurait donnés. Je crois qu’il se trompe dans son motif, car il s’est montré, à différentes reprises, fortement disposé à servir de conseiller. Je dîne de bonne heure avec Mme de Flahaut,