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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

10 septembre. — Je vois aujourd’hui M. de Montmorin et je lui demande les divers papiers que je lui ai donnés. Il me répond que le dernier est entre les mains du roi, en vue de régler sa conduite à l’avenir. En m’informant, je découvre qu’il ne l’a pas remis avant que Sa Majesté eût accepté la Constitution. Il a eu tort, mais il est trop tard pour qu’il serve à quelque chose de le lui dire. Le premier papier, qui était un projet de discours pour le roi, a été rendu par ce dernier ; mais comme je le lui ai donné, il désire le garder. Je lui demande ce qu’est devenue l’œuvre de Pellier ; il répond que ce n’était qu’un mémoire. Je répète ce que Short m’avait dit ; il réplique que c’est une histoire fabriquée, mais par la suite je découvre que les dires de Short et de Brémond ne sont que des éditions différentes de la même chose, et je suis maintenant à peu près persuadé qu’une intrigue, à laquelle participait M. de Montmorin, a empêché le roi d’agir comme il aurait dû. Je lui demande s’il est vrai que la disette se fera sentir. Il croit qu’il y aurait assez de blé si le pouvoir était assez fort pour le faire distribuer équitablement. Je lui parle de l’avantage qu’il y aurait à mettre en réserve une quantité de farine à distribuer gratuitement aux pauvres de cette ville en cas de détresse ; je lui en indique les moyens et les conséquences. Je lui demande d’y penser et de n’en pas parler.


17 septembre. — Brémond se plaint de ne pouvoir obtenir les rapports de Montesquiou, et soupçonne que la publication en est arrêtée. Il me dit que le roi a déjà connaissance depuis quelques jours d’un manifeste des princes. Je me demande ce que c’est. Après le dîner, je me rends à l’ambassade d’Angleterre, où je vois lady Hamilton ; c’est une femme extraordinaire qui s’est rendue en Italie sous bonne garde, et y a inspiré une telle passion à Sir William Hamilton qu’il l’a épousée. Elle est très belle d’apparence.