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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

18 septembre. — La journée s’ouvre par des salves d’artillerie. C’est la grande fête de l’adoption de la Constitution. Aucune voiture n’étant autorisée, je sors à pied à une heure et vais au Palais-Royal, et de là au Louvre. Je reste dîner avec Mme de Flahaut. Je rentre chez moi, et, après y avoir laissé ma montre, ma bourse et mon portefeuille, je me promène dans la rue Saint-Honoré jusqu’aux Champs-Élysées, puis aux Tuileries. L’illumination du château et de l’avenue est superbe. Fatigué d’être serré dans la foule et de me promener, je rentre chez moi. Le temps s’est rafraîchi et tourne à la pluie. Pendant que j’étais au Louvre un ballon, lancé au Champ de Mars, est passé par-dessus nos têtes.


19 septembre. — Mme de Montmorin et sa fille, M. et Mme Villars et M. Franklin déjeunent avec moi. M. de Montmorin arrive et me remet le mémoire que j’avais écrit pour le roi. Il me montre en même temps une note où celui-ci en réclame la traduction. Je lui demande s’il a pensé à l’affaire des farines ; il répond négativement. Comme je me proposais de lui en reparler, il me demande de lui faire une petite note qui sera remise avec le mémoire. Je donne ma promesse. Je vais au Louvre lire mon mémoire à Mme de Flahaut, lui disant qu’elle devra m’aider pour la traduction, afin qu’un jour je puisse faire savoir au roi qu’elle est dans le secret. Je promets de parler d’elle à M. de Montmorin. Visite à l’ambassadeur d’Angleterre. Le ministre de Prusse me demande si j’étais un de ceux qui ont conseillé la lettre du roi. Je lui dis que non et j’expose ce que j’aurais écrit. L’ambassadeur d’Angleterre est présent, et me dit qu’il n’a pas cru à cette histoire. Gouvernet me parle ensuite du même sujet, et me dit qu’il m’a défendu contre cette accusation. J’expose en termes généraux ce que j’aurais fait, et j’ajoute que si, désespérant de faire le bien au moyen du roi, il me semblait enfin nécessaire