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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

de l’étrangeté de la situation. Je lui conseille d’écrire un mémoire, dont je donne les points principaux. Il promet de le faire. Il me dit que pendant son séjour en Angleterre le duc d’Orléans fit de grands efforts pour être autorisé à proposer un traité à l’Angleterre, ce en quoi, naturellement, il échoua. Il me raconte la conversation qu’il a eue à ce propos avec l’évêque d’Autun, qui espère renverser Pitt, et croit son succès certain s’il pouvait avoir l’aide du duc de Biron. C’est assez curieux. Je dîne avec l’ambassadeur d’Angleterre et sa femme. Nous sommes très à l’aise, n’étant que quatre à table (son secrétaire particulier est le quatrième convive). La conversation est exempte de toute contrainte. L’ambassadrice met encore sur le tapis M. Short (j’ignore pourquoi elle le déteste à ce point) et demande s’il sera jamais un grand homme chez nous. Je réponds que je ne le pense pas, car il n’est pas orateur, mais il peut, malgré cela, être très utile ici. Je dis cela d’un ton qui met fin à cette partie de la conversation. Je trouve dans cette maison un profond mépris, mélangé de répulsion, pour mon ami l’évêque d’Autun, et je pense que les lettres qui partiront d’ici ne lui faciliteront pas sa mission.


18 janvier. — M. Short me dit aujourd’hui qu’il apprend par sa correspondance que les nominations à l’étranger sont déjà sûrement faites en Amérique. Il déclare ignorer absolument qui sera nommé, mais en même temps il parle d’acheter de l’argenterie et d’employer un maître d’hôtel, d’où je conclus qu’il est à peu près certain de rester ici. Je lui dis que je parierais deux contre un que je ne serai nommé nulle part ; je crois probable que si nous sommes nommés tous les deux, nous le serons auprès de cours auxquelles nous ne nous attendions pas, parce que ce sont généralement les événements malheureux qui arrivent. Il croit à la possibilité d’être envoyé en Hollande,