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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

tel traité à l’Assemblée. Les autres répondirent que l’auteur en serait pendu et, pour ma part, j’en suis persuadé. Moustier vient, et Monciel cherche à se présenter, mais inutilement, jusqu’à ce que j’aie dit en anglais à Moustier qu’il devrait faire sa connaissance. M. de Laborde me consulte sur la proposition faite par Beaumarchais d’accorder sa fille unique (une charmante personne) au fils de Laborde. Il me parle de la fortune de Beaumarchais qui est très grande, tandis que lui, Laborde, est ruiné. Je lui dis que la réputation de Beaumarchais est très mauvaise, mais cela ne regarde pas la jeune fille, puisqu’elle n’y peut rien ; dans mon pays, un tel mariage serait détestable, car nous ne nous marions pas pour l’argent, mais dans ce pays, où l’argent est tout, si le fils se conduit bien par la suite, le monde ne se plaindra pas.


14 janvier. — Je trouve Mme de Flahaut très malade et au lit ; je passe près d’elle l’après-midi et la soirée. L’évêque, qui reste ici une partie de la journée, part demain. Sur un rapport du Comité diplomatique, l’Assemblée a aujourd’hui décidé d’attaquer l’Empereur, à moins qu’il ne fasse amende honorable avant le 10 février. L’évêque dit que la nation est une parvenue, et, par conséquent, insolente. La situation est telle, dit-il, que seuls les remèdes violents pourront agir, et ceux-ci amèneront la guérison ou la mort. Sainte-Foy dit que l’Empereur sera furieux, mais, éprouvant encore plus de crainte que de colère, il devra se soumettre. Je demande ce qu’il adviendra des finances. L’évêque dit qu’à partir d’une date à fixer les assignats n’auront plus cours forcé, et leurs détenteurs auront à les convertir en terres comme ils le pourront. Je ne crois pas avoir jamais entendu des hommes sensés dire de telles absurdités.


16 janvier. — Visite à M. de Montmorin à qui je parle