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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

sion. Brémond m’informe que Monciel viendra me voir demain matin de bonne heure. Il a eu avec le roi une longue conversation dont il est enchanté. Il doit y avoir demain une sorte d’émeute au sujet d’un arbre de la liberté à planter devant le château.


20 juin. — Il y a un grand mouvement dans Paris et la garde est passée en revue. Pendant que j’écris, le foule et les gardes nationaux font des marches et des contre-marches sous mes fenêtres. Je ne pense pas que l’on en vienne aux coups. Je dîne avec le baron de Blum ; après le dîner, nous apprenons que la députation des faubourgs a forcé la faible résistance de la garde, a rempli le château et grossièrement insulté le roi et la reine. Sa Majesté s’est coiffée du bonnet rouge, mais elle persiste dans son refus de sanctionner les décrets. « Ce n’est ni la manière dont on devrait me le demander, ni le moment de l’obtenir, » répondit-il d’un ton calme à la foule agitée des gens furieux qui l’entouraient presque au point de le suffoquer. Je passe la soirée au Louvre. La Constitution a, je pense, rendu aujourd’hui le dernier soupir.


21 juin. — M. de Monciel et M. Brémond viennent me voir ce matin de bonne heure. Le premier me demande mon avis sur la crise actuelle. Je recommande de suspendre M. Pétion et de poursuivre les meneurs des désordres d’hier. Il me quitte. Après le déjeuner, Brémond revient me montrer une lettre du Comité de ravitaillement, d’où il semblerait résulter que les ressources de Paris en viande de boucherie seront bientôt considérablement réduites. Je me rends à la Cour. M. Swan entrant au moment où je sortais me dit que les gardes nationaux sont rendus furieux par les événements d’hier. La conduite du roi a été parfaite. Ce matin, un M. Sergent, membre de la municipalité, a reçu des coups de pied et de poing de la garde nationale dans