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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

plus à son aise que d’habitude, s’étant expliqué au roi et à la reine et leur ayant donné des assurances de son attachement ; Mme de Flahaut l’a appris par Sainte-Foy. Je lui parle de beaucoup de choses avec connaissance de cause ; les autres membres du corps diplomatique ne peuvent comprendre cela, et ils en sont surpris. À la Cour, je remarque que le roi et la reine sont moins gênés que d’habitude. Le changement de ministère s’est opéré très tranquillement, malgré le bruit du moment. M. de Montmorin me dit que Dumouriez et Brissot ont eu une entrevue, et qu’ils étaient sur le point de s’allier. En conséquence, les décrets pour la levée de 20,000 hommes et pour la relégation des prêtres allaient être sanctionnés, et M. de Clavière devait être ramené au ministère. Le roi refusa de sanctionner ces décrets odieux et inconstitutionnels, et Dumouriez donna alors sa démission.


17 juin. — Ce matin, M. de Monciel vient me dire que le parti Lameth avait insisté pour qu’il acceptât la place de ministre de l’Intérieur. Je lui conseille de n’accepter que les Affaires étrangères ; il me quitte dans cette intention, mais il me dit qu’on lui a offert l’Intérieur comme moyen d’arriver à l’autre ministère. Je m’habille et je vais à la Cour ; nous y trouvons une liste des ministres sur laquelle Monciel est indiqué pour l’Intérieur. L’Assemblée a reçu et a renvoyé aux bureaux une pétition de la Société des Jacobins tendant à la suspension du roi.


19 juin. — Je vais avec lord Gower au Jeu de la reine ; c’est le plus stupide des amusements pour tout le monde. Mme de Staël qui m’a invité à souper n’est pas chez elle. Il y a un malentendu, mais c’est fort heureux, car il me fournit le prétexte de ne pas être exact une autre fois. Brémond me dit que Monciel a accepté. La lettre de M. de La Fayette a été lue à l’Assemblée, et y a produit une certaine impres-