Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/353

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APPENDICE


année 1789

La première allusion faite par Morris à Paris (où il était arrivé le 3 février 1789) et aux affaires publiques de France se trouve dans la lettre suivante écrite au comte de Moustier, qui se trouvait alors en Amérique.


23 février. — J’essayerais en vain, mon cher monsieur, de vous exprimer toute ma gratitude pour les aimables lettres de recommandation que vous m’aviez données. Vous savez combien vos amis vous sont attachés, et vous vous figurerez mieux que je ne saurais l’exprimer le cordial accueil que ces lettres m’ont valu. Plus je vois Paris et mieux je me rends compte du sacrifice que vous avez fait en le quittant pour traverser un grand océan, et vous établir au milieu d’un peuple encore trop jeune pour goûter le plaisir de la société qui forme ici les délices de la vie. Vous avez été bien mal récompensé jusqu’ici d’avoir sacrifié au service public votre temps et vos plaisirs. Votre nation subit actuellement une crise des plus importantes. La question : Aurons-nous une constitution, ou l’arbitraire continuera-t-il à faire la loi ? agite tous les esprits et remue tous les cœurs en France. La volupté elle-même se lève de son lit de roses, et jette autour d’elle des regards anxieux sur la scène troublée à laquelle il est impossible de rester indifférent. Vos nobles, votre clergé, votre peuple sont tous en mouvement pour les élections. L’esprit qui était resté