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APPENDICE.

décrire l’mpression faite sur mon esprit par les objets qui nécessairement s’y présentent d’eux-mêmes dans cette grande ville capitale, je ne dirai pas, de la France, mais de l’Europe. Et l’ai-je fait ? Oui ? puisque le grand objet qui occupe l’attention de tous a fait comme la verge d’Aaron en Égypte : il a dévoré tous les autres enchantements qui fascinaient la France.

Lettre à M. Carmichael, ministre des États-Unis en Espagne.

Juillet. — Jusqu’en ce mois de juillet, le feu a été un compagnon, non seulement agréable, mais même indispensable. Voilà la vérité sur les charmes de la saison printanière en Europe, que j’ai souvent entendu célébrer par nombre de mes concitoyens, dont le principal mérite est d’avoir deux fois traversé l’Atlantique… Vous me demandez si M. Jefferson est parti en Amérique. Pas encore, mais il est prêt à partir au premier signal. Il attend depuis quelque temps déjà son congé qui n’est pas arrivé. J’en conclus qu’on ne le lui enverra qu’après la formation définitive du nouveau ministère. Le ministre des Affaires étrangères refusera probablement d’agir, jusqu’à ce qu’il ait été nommé dans le nouveau gouvernement. Il est probable aussi que la question du congé ne sera pas soulevée avant que l’on n’ait décidé celui qui sera chargé de l’intérim ; je ne doute pas que ce soit le secrétaire, M. Short. Vous supposez que notre ministre m’a présenté au Corps diplomatique. Je lui en ai parlé peu de temps après mon arrivée. Il m’a dit qu’ils ne valaient pas la peine d’être connus. Je me suis formé tout seul un petit cercle, qui n’est pas, vous me croirez aisément, pris dans la plus mauvaise société de Paris. Quant aux dîners ministériels, je n’y suis point allé. On ne me l’a point proposé. Vous savez que les ministres ne lancent pas eux-mêmes leurs invitations et que nous sommes timides. À propos, je suis allé, il y a quelques jours, dîner chez le comte de Montmorin ; il a eu la bonté de me prier, en partant, de vouloir bien me considérer chez lui