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APPENDICE.

deviennent de jour en jour plus abondants, nous ferons de grands et utiles progrès dans les manufactures utiles par suite du bas prix de la vie et de celui des matières premières qui en découle. C’est la seule chose manquant à notre indépendance ; nous serons alors un monde à nous seuls, loin des querelles et des guerres de l’Europe. Ses diverses révolutions ne serviront qu’à nous instruire et à nous amuser, de même que le mugissement d’une mer en fureur devient à une certaine distance un bruit agréable.

Lettre à Washington.

27 décembre. — Je voudrais vous rendre un compte aussi complet que possible de ce qui se passe ici, mais j’ignore comment je ferai partir cette lettre ; jamais, sous le plus despotique des ministres, la poste n’a commis plus d’abus qu’à présent, malgré les décrets contraires. Chaque lettre reçue porte des marques évidentes de curiosité patriotique. Ce système de terreur et de petites infamies prouve les craintes de ceux qui y ont recours, et vraiment ils ont raison de craindre, car chaque jour prouve davantage que leur nouvelle Constitution n’est bonne à rien. Ceux que j’avais avertis à temps du mal qu’ils préparaient, essayent, maintenant qu’il est trop tard, de rejeter le blâme sur d’autres pour s’excuser. Mais la vérité est que, au lieu de chercher le bien public en faisant ce qui était bien, chacun a cherché son propre avantage en flattant l’opinion publique. On n’ose pas maintenant proposer les amendements que l’on voit et que l’on reconnaît indispensables. Ils n’ont, de plus, aucune confiance les uns dans les autres, car chacun éprouve des raisons de n’en pas avoir, et trouve chaque jour des preuves que ses compatriotes ne valent pas mieux que lui. L’Assemblée (et vous qui savez ce qu’elle vaut, le supposez aisément) commet journellement de nouvelles folies, et si ce malheureux pays n’est pas plongé de nouveau dans les horreurs du despotisme ce ne sera pas sa faute. Elle a dernièrement fait un coup de maitre pour cela ; elle a