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APPENDICE.

emploi, ni être choisis comme représentants du peuple. Le premier décret était dû aux Jacobins, qui voulaient arrêter leurs ennemis, sur le point d’entrer au ministère ; le second fut adopté malgré les inclinations secrètes des deux partis. Mais le résultat fut un sérieux désappointement pour tous les deux, et la Constitution ne pouvant évidemment pas se maintenir, ils commencèrent à s’apercevoir que sa ruine pourrait provoquer la leur ; c’est pourquoi ils formèrent une coalition, dans laquelle chacun était décidé à se servir de l’autre pour ses intérêts.

Mais, direz-vous peut-être, les deux ensemble ne vaudraient pas grand’chose ; cela est vrai, jusqu’à un certain point ; car si la Constitution eût été une chose pratique, ceux-là qui seraient au pouvoir auraient eu une autorité réelle. Mais ce n’était pas le cas ; aussi le plan des alliés fut-il d’amener la Cour à croire qu’eux seuls étaient assez populaires dans la nation pour protéger le pouvoir monarchique contre le parti républicain ; et, d’autre part, de convaincre l’Assemblée que, disposant entièrement de l’autorité royale, toutes les faveurs, les emplois et les dons devaient passer par leur intermédiaire. Ils s’établirent donc, si je puis employer cette expression, courtiers en gouvernement près de la nation.

J’ai mentionné le parti républicain. C’est naturellement un rejeton de l’ancienne secte jacobine, car lorsque les chefs, trouvant que tout était à peu près ruiné par suite du défaut d’autorité, se mirent sérieusement à l’œuvre pour corriger leurs erreurs, beaucoup de leurs disciples, qui croyaient à ce que ces apôtres avaient prêché, et d’autres qui prévoyaient dans le rétablissement de l’ordre la perte de leur importance, résolurent de rejeter toute soumission aux têtes couronnées, comme « indigne d’un peuple libre », etc. Ajoutez à cela la foule de mendiants, mécontents et affamés, d’une période de désordre et de confusion. Ce fut cette coalition qui empêcha le roi d’accepter la Constitution d’une façon virile, en en indiquant les fautes capitales, en en marquant les conséquences probables, en en demandant un nouvel examen et en déclarant que sa soumission aux décisions