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APPENDICE.

on invoquera la nécessité, en dépit de la politique, de l’humanité et de la justice. D’autres considèrent la guerre comme le moyen d’obtenir pour le gouvernement le commandement éventuel d’une force militaire disciplinée, qui pourrait être employée à rétablir l’ordre, ou en d’autres termes, à ramener le despotisme, puis ils espèrent que le roi donnera à la nation une constitution qu’ils n’ont ni la sagesse de rédiger, ni la vertu d’adopter eux-mêmes.

D’autres encore supposent qu’en cas de guerre, le roi sera tellement attiré vers son frère, la reine vers l’empereur, les nobles (en très petit nombre) qui restent ici vers la masse de leurs frères qui ont quitté le royaume, que les revers, inévitables pour des foules indisciplinées en présence d’armées régulières, seront facilement mis au compte de conseils donnés par des traîtres, et que le peuple sera amené à les bannir complètement et à établir une République fédérale. Enfin, les aristocrates, brûlant du désir de se venger, presque tous pauvres, mais tous remplis d’orgueil, espèrent qu’avec l’aide des armées étrangères, ils pourront revenir victorieux et rétablir l’espèce de despotisme qui conviendra le mieux à leur cupidité. Il se trouve donc qu’avec des vues différentes, la nation entière désire la guerre ; car, dans des assertions générales de ce genre, il est bon de tenir compte de l’esprit du pays, qui a toujours été belliqueux.

Je vous ai dit, il y a longtemps, que l’empereur n’est pas du tout un prince entreprenant ou belliqueux. Comme preuve, je dois aujourd’hui vous informer que dans la fameuse conférence de Pilnitz, il a été joué par le roi de Prusse, car il venait, décidé à discuter la nature et l’étendue de l’aide à fournir et des forces à employer ; mais le roi y coupa court en déclarant que la différence d’étendue de leurs états respectifs, et une foule d’autres circonstances, justifiaient la demande d’efforts plus grands de la part de l’empereur, mais qu’il irait avec lui sur le pied d’une parfaite égalité. En conséquence, l’empereur fut obligé de consentir, mais il le fit avec le dessein et le désir de n’en rien faire. Lors donc que le roi accepta la Constitution, il voulut considérer ce fait comme ôtant aux princes étrangers toute raison d’intervenir. Cependant, le roi