Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
386
APPENDICE.

primés, ainsi, du reste, que tous ceux coupables de feuillantisme, c’est-à-dire adhérant aux clubs « des feuillants soi-disant constitutionnels ». Il faudra donc faire un choix de ce que vous trouverez dans les autres gazettes, écrites non seulement dans l’esprit, mais sous les yeux mêmes d’un parti. Cet esprit influera sur le plus honnête imprimeur dans la manière de présenter les faits, et ces yeux empêcheront le plus hardi d’imprimer certains faits.

Vous verrez que M. Boncarère a été nommé ministre plénipotentiaire aux États-Unis. Le caractère de cet homme est aussi mauvais que possible et souillé de vices infâmes. J’ignore quelle influence l’a fait entrer au ministère des Affaires étrangères, car j’étais alors en Angleterre ; mais je crois que c’était un pitoyable moyen de la part des Feuillants de surveiller, de contrecarrer, et peut-être de trahir le ministère jacobin. Tandis que le roi insistait près de M. de Sainte-Croix, un ministre de huit jours, pour qu’il acceptât le ministère des Affaires étrangères, celui-ci déclara refuser ses services, si l’on conservait Boncarère, et pour s’en débarrasser on inventa l’expédient de l’envoyer en Amérique. J’ai considéré cette mesure comme une sorte d’insulte, et j’ai transmis mes sentiments à ce sujet au roi, qui dit alors à M. de Sainte-Croix que j’étais irrité de cette nomination et qu’il eût à s’en arranger avec moi ; il désirait que j’empêchasse cette nomination. Le ministre s’excusa comme il put, admettant sans cesse qu’on avait eu tort ; il ajouta que son embarquement serait retardé et que j’étais libre d’empêcher sa réception. Je répliquai qu’il ne fallait pas lui permettre de s’embarquer du tout. Le ministre refusa de signer le bon pour sa nomination. La nouvelle révolution survint alors, et l’histoire de la mission de Boncarère est finie. Malgré les plus grands efforts, je n’ai pu décider le ministre des Affaires étrangères à examiner la question de notre dette. De fait, le pouvoir exécutif nommé par l’ancienne Constitution a été à l’agonie pendant trois mois, et a songé davantage à son salut qu’à ses affaires. Le pouvoir exécutif actuel ne fait que de naître ; il sera peut-être étouffé an berceau.