Page:Journal de Littérature, des Sciences et des Arts, tome 2, 1783.djvu/416

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Trée, ſans le ſecours du livre qu’elle n’avoit plus ſous la main, ſans en omettre aucune circonſtance eſſentielle, ſans même avoir oublié les noms qui ne pouvoient pas lui être familiers. Elle a bien voulu me la communiquer, me permettre d’en faire usage, & je m’empreſſe de mettre cette esquiſſe ſous vos yeux. Elle ne peut que faire infiniment d’honneur à ſon génie & à ſon goût, flatter l’Auteur du Roman, & plaire au Public, qui verra avec ſatisfaction une femme rendre justice aux talens d’une perſonne de son ſèxe, lors même qu’elle ne la connoît point, & qu’elle pourroit avoir des droits à la rivalité.

« Ce Roman est aſſez bien écrit, & a de l’intérêt : mais on pourroit reprocher à l’Auteur, que l’Héroïne n’eſt pas celle qui en inſpire le plus. Anna Rose-Trée, mène une vie assez douce dans un Château, avec un grand-père & une grand’mère qui l’aiment beaucoup. Ils traverſent un amour qu’elle ſe reproche elle-même, & qui choque nos mœurs & nos préjugés. Il eſt vrai que l’Auteur a placé la ſcène en Angleterre, où les passions & les méſalliances de cette espèce, ſont moins rares, & ſemblent moins ridicules que chez nous. Anna eſt fort épriſe du fils du Jar-