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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

tude sont si pauvres ! Je crois d’ailleurs artificiel le respect de la solitude pour la solitude. La solitude est oiseuse qui n’est pas une préparation.

Mais envoûter des intelligences et des sensibilités qui me vaudraient… Je n’ose rien dire de l’avenir que je prévois, il me faut une vie éloquente, brûler du fluide… Les hommes ne se doutent pas de ce qu’ils pourraient faire, s’il y avait moins d’attente et moins de sommeil dans leurs jours, moins de remplissage.

Plus un obstacle matériel, toutes les rapidités gagnées par la science et par la richesse. Pas une tare à l’indépendance. Voir un crime de lèse-moi dans toute fréquentation, homme ou pays, qui ne serait pas expressément voulue. L’énergie, le recueillement, la tension de la solitude, les transporter dans ses rapports avec de vrais semblables. Pas d’amour, peut-être, mais des amitiés rares, difficiles, exaltées, nerveuses ; vivre comme on revivrait en esprit de détachement, d’inquiétude et de revanche.


Dimanche 3 février.

Une prise d’habit à l’Oratoire. On se serait cru chez des iconoclastes : plus nu qu’un temple, de la chaux et, aux rosaces, des verres dépolis. Pourtant,