la mise en présence des points de repère si soigneusement relevés, épiés : l’entrée du goulet, la côte d’en face, les Tas-de-Pois, le raz de Sein. De combien est-ce que j’y vois mieux ? Y en a-t-il pour un an d’existence, pour un an de jeunesse ? Et dans les glaces, mes yeux ont-ils embelli, la taille, la transparence, la couleur, l’expression ? Assez gagné pour un an ? Aurai-je le temps d’être jolie ?… Je me voudrais jusqu’à soixante ans, je me voudrais jusqu’à la mort, pour réparer, pour compenser.
Un silence. Je n’ai pas travaillé depuis trois mois. Mais les yeux me guérissent, et j’appartiens corps et âme à cette guérison. Guérie je serais tellement une autre… Oh ! les yeux ! Qu’on puisse quelque part être aveugle au monde…
Je reconnais la vie, celle de mon enfance. Je me retrouve où je me suis laissée :
« Quand je me résignais déjà,
la croyant morte,
C’est mon âme d’enfant
qui ressuscite en moi. »
Oui, c’est bien cela : pas seulement les choses,