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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

Mirabeau disait : « J’aime à croire qu’elle ne voudrait pas de la vie sans sa couronne ? » Pourquoi me voudriez-vous d’aspirations plus modérées ? C’est alors qu’il y aurait une différence, et gravement morale, entre une archiduchesse d’Autriche et moi.


3 juin.

Robert de la Sizeranne, que j’aime tant, est-il bien dans le vrai, dans son article sur les portraits de femmes, en sacrifiant si rationnellement la ressemblance à la vie ? Cela ne tournerait-il pas à une convention d’école ? Même à l’art, n’importe-t-il pas moins de faire un tableau « vivant » que de voir la réalité, et de la rendre, elle, et pas une autre.

Vous voulez faire un chêne ressemblant, une lumière ressemblante, et pourquoi pas aussi cette femme ? Vous dites qu’il y a les photographes. C’est, en effet, la seule beauté de la photographie de restituer quelquefois — pas toujours — tout le caractère d’un visage, et l’on s’écrie alors : Que c’est vivant !

La matière employée, il est vrai, n’est pas belle, et je préfère le beau pastel ressemblant. Je n’ai pas besoin d’avoir vu Mlle Fel pour être assurée que son portrait lui ressemble.

N’ayant ni la musique, ni l’amour, ni les sports,