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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

là. J’entends par intelligence et plus instinctivement que par criticisme voulu : un individu capable de tout et d’abord de n’être jamais bête. Capable de tout, cela ne veut pas dire les accomplissements variés d’un Italien de la Renaissance, pas plus que bonapartiser dans son siècle, mais : capable d’exister sur tous les points et d’en témoigner par une impeccable originalité de contrôle.

La beauté. Nous en parlions hier avec A… à propos de cette jeune fille remarquée par moi à la Nationale. Des traits de médaille, mais dans une fraîcheur, une plénitude de chair éblouissantes. Assise et, de loin, l’âme des yeux inaperçue, elle était impériale. Bougeant et marchant, comme toujours le cygne retournait à l’oie, il n’y avait plus qu’un petit trottin avec, à chaque pas, l’ébranlement de tête de l’omnibus. Et toujours quand elles ne sont que belles, il y a une tare qui les anéantit. Oh ! le spirituel est bien vengé.

On rencontre aussi de très beaux jeunes gens, et l’on a la certitude qu’en toute circonstance on le prendrait de haut avec eux, parce qu’ils n’ont pas l’étincelle, ce reflet du dedans sur la beauté qui, seul, en fait quelque chose.

Ces femmes si belles sont celles que lâchent leurs maris pour les plus dégoûtantes maîtresses.

Ceci veut dire qu’il y a des beautés, la plupart des