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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

est le contrôle scénique, la diction de tel ou tel interprète.


À Maeterlinck.

Monsieur, je vous ai déjà dit mon émotion en trouvant quelque chose de moi dans un livre de vous, aujourd’hui j’ai à vous remercier d’avoir bien voulu m’envoyer le volume et y joindre quelques mots trop beaux pour qu’on ose même en remercier, et puisque j’ai ce cruel honneur d’avoir été prise un peu comme à partie et de représenter ceux qui pensent de la mort ce qu’il n’en faut pas penser, j’ai bien envie d’avoir du courage et de vous dire à quel point votre livre admirable m’a paru glacial. Est-ce bien vous qui nous offrez ce rêve de l’intellectualité pure, et qui vous acharnez avec cet effrayant dédain métaphysique ? Oh ! je ne vous demande pas de nous la sauver du naufrage, mais que vous ne la préfériez pas à tout…

Pour moi, vous m’y avez rattachée éperdument. En vous lisant, Monsieur, en admirant cet hommage si sereinement offert à tout ce qui est humain, à tout ce qui est infini, je constatais, pardonnez-le moi, une dissidence invincible. Il m’a semblé que le plus précieux était ce que vous perdiez, que le miracle humain l’emportait sur l’autre, que le cons-