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journal de marie lenéru

C’est toujours ainsi, j’attends mes lectures au contre-choc – mot de chirurgie –.

En revanche ce fameux style ne m’a pas emballée. C’est d’une naïve perfection, et je retrouve toujours, entre lui et moi, cette chose indéfinissable qui est le ton. Eh bien, ce ton a l’abondance ecclésiastique, le débit facile et fleuri d’un curé beau diseur et un peu fat. Il me donne l’impression d’une voix qui parle trop vite.


Brutul, 29 juillet.

Marché longtemps dans l’allée des lys. Je n’abdiquerai jamais, je voudrai toujours tout. J’ai besoin de préférer ma vie pour l’accepter.


Jeudi 4 août.

Que c’est beau la lumière, et comme notre âme s’en pétrit. C’est un réveil de pouvoir lever la tête, ouvrir les yeux dans plus de jour, les sentir baignés de plus d’espace. Je ressaisis les oiseaux dans leur vol et leurs battements d’ailes m’est une nouveauté. Les étoiles me reviennent une à une. J’ai déjà toutes les grandes constellations, mais sur leur écrin de nuit