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année 1898

noire et depuis longtemps allumées. Je les guette blanches au crépuscule. J’ai eu la mélancolie de les reconnaître ainsi, sur une toile, au dernier salon.

Mais ce que j’attends, ce que j’épie, c’est le pur contour de la lune. Je la vois, toujours fumante d’un nimbe aux quatre rayons en bras de moulin, comme en met Moreau à ses apparitions.

Ô choses, comme je vous regarderai !


7 août.

Dieu sait avec quelle émotion je me redemande tout entière. C’est la première fois, je crois, depuis dix ans, que je prie simplement et violemment pour guérir et pour guérir de suite pendant qu’il en est temps encore. Mon Dieu, foudroyez-moi de ma guérison !

Je pourrais encore dire que je ne regrette rien, que j’aime le moule où j’ai été coulée, mais pourvu qu’il me lâche ! que je sorte de sa pression de cauchemar !


Mardi 9 août.

Je ne vis que d’attente, de tout l’incertain de mes espérances. À la lettre, je compte les heures. En