Page:Journal de Seine-et-Marne, numéro 28, 26 janvier 1839.djvu/6

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Si la fortune au moins… mais elle a, pour toujours,
Dans un état obscur enseveli mes jours.
Ainsi, brûlant en vain de franchir la barrière,
Je regarde ton char voler dans la carrière,
Et je sens malgré moi le bruit de tes succès
Réveiller mes désirs… hélas ! et mes regrets.
Tel l’oiseau prisonnier, qui rêve dans sa cage
Aux plaisirs, aux amours, aux concerts du bocage,
À travers ses barreaux voit d’un œil envieux
Philomèle en chantant s’élever dans les cieux !
S’il ne m’est pas permis de toucher à ta lyre,
Je puis du moins te voir, je puis du moins te lire.
Inconnu dans les flots de tes admirateurs,
Je puis à ta couronne ajouter quelques fleurs.
Qu’au passage des grands le vulgaire s’empresse,
Et qu’il aille en triomphe étaler sa bassesse,
Mon encens roturier leur serait importun,
Je le garde au génie et je l’offre à Lebrun.

H. M.