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Page:Journal de Seine-et-Marne, numéro 28, 26 janvier 1839.djvu/5

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Lorsque de son pays les souvenirs touchants
D’une douce tristesse embellissent ses chants !
Regarde autour de toi, ces temples, ces tourelles,
Cet écho qui répond aux voix des pastourelles,
Dans la même campagne où les clairons guerriers
Faisaient bondir les preux sur leurs blancs destriers,
Et ces débris couverts d’une mousse sauvage,
Et ces saules pleureurs dont le pâle feuillage
Se livre en soupirant aux caresses des eaux,
Tout semble répéter : « Lebrun, prends tes pinceaux !
Des guerriers qu’au cercueil Provins a vus descendre
Viens fouler parmi nous la poétique cendre ;
Viens, l’inspiration, amante des cyprès,
À l’âme du poète y parle de plus près.
Et tu croiras encore, au milieu des décombres
De nos gais troubadours voir folâtrer les ombres.
Dans ces lieux enchanteurs, moi-même que de fois
J’ai troublé de tes vers le silence des bois !
C’est là, qu’en bégayant l’ode à la grande armée,
J’ai senti, jeune encor, dans mon âme enflammée
Naître la passion de la gloire et des arts.
Si le Dieu qui t’inspire avait de ses regards,
Laissé tomber sur moi quelque faible étincelle,
Pour me frayer la route où mon penchant m’appelle